Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Conseillers départementaux,

Nous venons de prendre connaissance de l’avis définitif du conseil de développement durable interdépartemental suite à votre saisine, Monsieur Le Président. Vous aviez souhaité que cette instance travaille sur les relations entre les départements des Hauts – De – Seine et des Yvelines et la société civile.

Ce rapport est très complet. Le travail fourni est à saluer. Comme élue soucieuse de nos pratiques du pouvoir, je ne peux que me satisfaire des 39 préconisations formulées qui visent à une plus grande et plus efficace implication de la société civile dans les débats institutionnels.

L’implication citoyenne est, effectivement, un enjeu important pour la vitalité de notre démocratie. L’heure n’est plus pour les acteurs, que nous sommes, de la démocratie représentative de faire « à la place de » mais de faire « avec les habitants ».

Un rapport complet, comme je le disais, qui permet à la fois de revenir sur les concepts relevant des processus de démocratie participative tout en les étayant par des exemples concrets. Les liens et les allers retours entre institutions, personnalités qualifiées et habitants sont clairement développés avec des pistes de réflexion et de propositions qui méritent un grand intérêt.

J’y vois un bémol, et pas des moindres, qui n’est pas de la responsabilité du conseil de développement durable mais de la vôtre, Monsieur Le Président et du Président du Département des Yvelines.

Ce rapport de 122 pages part d’un postulat qui ne fait pas unanimité : celui de la fusion des départements des Hauts-De-Seine et des Yvelines. Alors que vous n’avez pas consulté les Altoséquanais sur cette décision arbitraire, vous avez saisi ce conseil pour qu’il, je cite, «  apporte son expertise et propose des modalités pour adapter ces systèmes au futur département fusionné ».  Les résultats visent à contribuer «  à la politique d’ouverture à la société civile » de ce futur département.

Pour le dire autrement, vous demandez une expertise sur la démocratie participative et l’implication de la société civile sur un projet que vous avez imposé sans aucune concertation avec vos administrés. Permettez – moi, Monsieur Le Président, d’y voir un jeu de dupes.

Ce qui vous guide, Monsieur Le Président, n’est pas le pouvoir souverain des citoyens mais votre volonté de construire, dans la durée, le regroupement des départements les plus riches : ceux de l’Ouest parisien.

La réduction des inégalités sociales et territoriales, l’accès au logement et à l’emploi, la petite enfance et la jeunesse, l’éducation et la culture sont autant de sujets qui mériteraient une attention pleine et entière de nos assemblées départementales.

Hélas, votre projet est loin de la coopération des territoires, loin de l’intérêt général, loin de partenariats permettant de répondre aux besoins de nos concitoyens notamment ceux qui ont le plus besoin de l’intervention publique.

Vous avez saisi le conseil de développement pour avoir une expertise sur l’implication de la société civile dans la gouvernance du futur département que vous souhaitez créer alors que vous vous êtes affranchis d’un débat politique de fond et d’une décision collective et populaire.

En conclusion, permettez moi de citer Philippe Durance, titulaire  de  la  Chaire  Prospective  et  développement durable  au  CNAM  et  président  de  l’Institut  des  Futurs  Souhaitables lors de son intervention dans la deuxième commission du C2DI, reprise dans l’avis qui nous est présenté :

« Pour mobiliser la société civile, il faut la faire adhérer à un grand récit, à une vision, à un projet de société qui lui donne envie de participer et qui la fasse grandir ».

Monsieur Le Président, une seule question : comment comptez vous faire adhérer nos concitoyens à un projet de regroupement de deux départements que vous proposez ?