«Même en faisant traîner le dossier, l’Etat ne va pas se débarrasser d’eux !» : à Gennevilliers, les RSI toujours mobilisés après six mois de grève
En grève depuis six mois, les 93 salariés sans-papiers de la société d’intérim n’attendent qu’une chose: la régularisation de tout le groupe. Le collectif des sans-papiers de Vitry (Val-de-Marne) leur permet de tenir le coup financièrement.
Par Olivier Bureau
Le 21 avril 2022 à 18h36, modifié le 21 avril 2022 à 19h13
Les mois qui passent n’ont éteint ni leur détermination, ni les braseros. Ce vendredi 22 avril, les 93 salariés sans-papiers de la société d’intérim RSI « célèbrent » leurs six mois de grève sur la petite place devant RSI, au bout de l’avenue des Grésillons. En six mois, leur combat n’a pas changé d’un iota : obtenir une régularisation massive de tout le groupe. « On est en France depuis des années, on travaille dur. Ces papiers, on ne les vole pas », gronde l’un d’eux.
Ces dernières semaines, la situation a quelque peu évolué. Après d’incessantes tentatives, des manifestations, des demandes de rendez-vous avec le préfet, Elsa Faucillon et Denis Datcharry, respectivement députée et conseiller général PC, ont été reçus le 5 avril en préfecture avec un document capital : un tableau recensant la situation de chaque gréviste, ses contrats de travail, ses fiches de paye etc. « D’après le préfet, 30 sont régularisables. On est loin du compte mais c’est une avancée. Il faut veiller quand même à ne pas se diviser. C’est sans doute ce qu’ils espèrent », analyse Mahamadou, un des porte-parole du groupe.
Le 10 décembre, RSI avait délivré un Cerfa, ces certificats prouvant qu’ils travaillent, document indispensable à toute procédure de régularisation, à 80 d’entre eux. « Le problème c’est que tout le monde n’a pas les fiches de paye. RSI établissait un contrat de travail, payait mais n’envoyait pas systématiquement les fiches. Si le préfet se base là-dessus, ça va encore coincer. Mais cela va dans le bon sens il y a deux mois, on en était au point mort », ajoute Mahamadou.
Depuis fin octobre, le piquet de grève s’est transformé en un semblant de campement avec un barnum abritant des matelas. « Dans le quartier cela commence un peu à grogner. Des entreprises du coin les ont quasiment sous leurs fenêtres et trouvent le temps long », glisse un élu.
« Malgré la durée de leur conflit, ils ne sont pas en danger économiquement »
Le Collectif des sans-papiers de Vitry a organisé et structuré la colère et fait le lien avec deux autres mouvements similaires : ceux de Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne) et DPD, une autre filiale de la Poste, au Coudray-Montceaux, en Essonne. C’est lui qui s’occupe de la logistique, de l’intendance et subvient à leurs besoins. « On a lancé deux caisses de grèves sur Internet et organisé des collectes lors de manifestations ou de meeting de partis de gauche, précise Christian Schweyer, porte-parole du collectif. Nous sommes puissants. Malgré la durée de leur conflit, ils ne sont pas en danger économiquement. Nous sommes sur du temps long mais au moins, la préfecture a reconnu qu’il s’agit d’un mouvement collectif. C’est nouveau et cela permet d’espérer ! »