REGARDEZ L’INTERVENTION DE LAUREEN GENTHON EN VIDEO ICI :

Monsieur le président, cher.e.s collègues,

Je voudrais d’abord, au nom de mon groupe, rendre hommage à Dominique Bernard, professeur de français assassiné la semaine dernière dans la cour du lycée Gambette-Carnot d’Arras où il enseignait, alors qu’il s’interposait pour protéger les élèves face à une attaque terroriste. Je voudrais également avoir une pensée pour ses collègues blessés, qui se sont aussi mis en danger pour arrêter le meurtrier.

Trois ans après l’assassinat de Samul Paty, ce nouveau drame nous rappelle que le combat contre le terrorisme et l’obscurantisme qui l’alimente n’est pas terminé.

C’est précisément parce que l’école publique et ses personnels sont essentiels pour lutter contre cet obscurantisme et contre l’ignorance, pour former les futurs citoyens et transmettre les valeurs de la République, qu’ils sont ainsi visés.

Dans leurs missions et leurs engagements professionnels, les enseignants sont malheureusement bien peu soutenus par leur ministère de tutelle et par les politiques gouvernementales menées ces dernières années.

Des politiques qui n’ont fait que dégrader leurs conditions de travail et de formation, de même que leurs salaires, qui sont parmi les plus bas des systèmes éducatifs européens, accentuant toujours plus leur légitime sentiment d’être méprisés et déconsidérés.

Cette dégradation du métier d’enseignant entraine aussi, logiquement, une dégradation des conditions d’apprentissage de nos jeunes et un renforcement des inégalités sociales dans l’éducation.

Nous avons ici, l’an passé, dénoncé tous ensemble la mauvaise gestion et les renoncements gouvernementaux en ce domaine.

Les personnels éducatifs ont besoin de tout notre soutien et, sans doute, d’efforts supplémentaires de notre part. Notre Département en a les moyens.

En ce sens, nous nous interrogeons sur la baisse de la dotation proposée en 2024, par rapport à celle de l’an passé, de 9 013 127,36 € pour 2023 à 8 760 380,55 € pour 2024, soit -2,8%.

Les représentants des personnels au CDEN l’ont souligné, la baisse est importante dans plusieurs collèges. Au total, ce sont les deux tiers des collèges des Hauts-de-Seine qui ont une dotation en baisse (64 établissements). Les forfaits pour les classes relais, ULIS, et UPE2A n’augmentent pas, et pour la douzième année consécutive, les forfaits alloués par élève stagnent.

J’entends le fait que les ajustements sont liés à la reprise en gestion directe de certains contrats d’entretien, de même qu’à une baisse des effectifs d’élèves.

Pour autant, l’inflation continue de progresser, et l’application d’un coefficient correcteur pour la compenser ne suffit pas.

Les personnels le soulignent encore : dans la réalité, c’est une dégradation des moyens alloués. Et l’insuffisance des crédits pédagogiques n’offre pas les meilleures conditions de réussite, particulièrement pour les élèves les plus fragiles.

Nous avons en outre plusieurs questions, qui nous sont remontées des établissements.  Elles concernent entre autres les voyages et les sorties pédagogiques :

Les voyages à l’étranger ne sont pas financés par le Département. Pour les élèves les plus modestes, ils sont une occasion parfois unique de voyager durant leur scolarité, mais ils représentent un coût pour les familles. Un soutien de notre collectivité pourrait être envisagé, nous semble-t-il.

Concernant ensuite les sorties culturelles et sportives : le Département met à disposition des cars pour certains événements mais ne le fait pas pour les remises de prix. Or, par exemple pour une classe du collège Pompidou de Villeneuve-la-Garenne, gagnante l’an dernier du trophée aventure, seuls 3 élèves étaient présents à la remise de prix à Sèvres, car trop loin, et trop chère. Cette occasion manquée de célébrer une réussite est, pour ces jeunes, réellement regrettable et contre-productive sur le plan pédagogique.

Tous ces enjeux concernent particulièrement des collégiens de quartiers populaires, de milieux modestes, et d’établissements où l’Indice de position sociale est bas. Il faut une réponse mieux adaptée du Département pour corriger les inégalités, et par là même une meilleure prise en compte de l’IPS.

A l’évidence, il nous semble possible de faire plus et mieux pour répondre aux inégalités sociales et culturelles.

Dans l’immédiat, nous voterons contre cette dotation prévisionnelle des collèges 2024.

Je vous remercie.