Monsieur le président, chers collègues,
Notre groupe votera contre cette délibération sur la concession de service public de restauration et de nettoyage des collèges.
Vous le savez, cela fait plusieurs années que nous exprimons ici notre position sur le service de restauration scolaire.
Nous avions déjà dit, en novembre dernier, notre insatisfaction sur le rapport annuel du concessionnaire actuel Elior. Ce rapport laissait certains points dans l’ombre, notamment la question des marges arrières réalisées par cette société.
Il apparaissait aussi en décalage par rapport à la réalité des repas proposés quotidiennement à nos collégiens, de qualité très décevante, comme nous avons pu le vérifier en visitant certaines cantines, où nous avons appris qu’aucun adulte n’y mangeait…
Le principe même de confier l’alimentation de nos jeunes à un prestataire dont la raison d’être est de maximiser les profits financiers de ses actionnaires est pour nous un réel problème. On voit aujourd’hui avec les EHPAD les conséquences désastreuses de tels modèles de gestion.
Le bilan global de la concession Elior n’est pas bon. Mais paradoxalement, vous nous proposez d’aller plus loin dans l’externalisation en étendant les concessions à des grands groupes de restauration, en abandonnant de surcroit deux cuisines centrales du département, et en transférant les personnels de ces services.
Cette décision ne peut pas nous satisfaire. Nous pensons qu’il aurait fallu, à l’inverse, faire progresser ce service public, tant en termes de qualité que de transparence économique.
Nous regrettons en outre qu’il ne soit pas possible de consulter les annexes des contrats, qui contiennent des informations importantes sur les engagements des prestataires et sur le devenir des personnels de restauration et de nettoyage.
Sur ce dernier point, nous avons été sollicités par des agents et des syndicats de Département. Les interrogations sont nombreuses. Par exemple :
-Qu’en sera-t-il des primes de juin et de septembre ?
-Le délégataire aura-t-il obligation de garder le même nombre d’agents ?
-Les agents de l’Education nationale seront-ils détachés d’office ?
-Est-il garanti que tous les agents en CDD seront repris en CDI ?
Nous souhaiterions en savoir plus sur ces questions.
Concernant la qualité, le bilan présenté en novembre dernier montrait les faiblesses de la prestation d’Elior. C’est ce que j’ai pu moi-même vérifier en déjeunant avec des parents d’élèves au collège Edouard Manet de Villeneuve-La-Garenne.
Concernant le modèle de service proposé et ses conséquences économiques, votre choix pose à nouveau la question de son impact sur les filières de production alimentaire.
La Loi d’août 2005 en faveur des PME, mise en place par Christian Jacob, visait à garantir des prix rémunérateurs pour les producteurs. De même la loi Egalim de 2018 visait à équilibrer les relations commerciales entre producteurs et grande distribution, en interdisant les marges arrières. Ces mesures demeurent très imparfaites, mais nous nous interrogeons : l’esprit de ces lois est-il respecté par des sociétés comme Elior ou Sodexo?
Chacun sait qu’au niveau national, les grandes entreprises de restauration collective ne placent pas les produits de qualité au cœur de leur politique. Elles participent peu à l’émergence d’une agriculture durable.
C’est pourtant le soutien à cette agriculture durable, avec une ambition écologique et sociale, que nous devons renforcer pour faire vivre décemment les petits producteurs locaux, mais aussi pour faire bénéficier nos jeunes d’une alimentation plus saine.
Il est indispensable, en matière de produits bio et locaux, de développer la demande pour encourager l’offre.
Le département est un des principaux donneurs d’ordre dans la restauration collective, et il a donc un rôle important à jouer sur ces objectifs.
Pour avancer en ce sens, nous pensons qu’il n’est pas possible aujourd’hui de faire confiance à ces grands groupes de restauration, qui contribuent à la cannibalisation de nos campagnes.
Il faut changer de logiques. Sur ce sujet, le patron cela doit être vous, Monsieur le président, en développant de vrais outils publics : la régie en est un, mais il en existe d’autres, dont nous aurions pu débattre, pour innover enfin en matière de maîtrise publique. C’est une vraie occasion manquée, nous le déplorons !