Monsieur le Président, Cher.e. s Collègues,
Mon intervention sera similaire à celle des années précédentes, parce que depuis le début de la mandature, les choses reviennent malheureusement mécaniquement chaque année : la dotation pour les collèges publics ne monte pas, ce qui veut dire qu’elle baisse en euro constant du taux de l’inflation, et comme tous les ans, le CDEN a voté contre cette dotation. Nous regrettons qu’à un moment où il y a besoin d’un grand accompagnement des publics qui, pendant la pandémie, n’ont pas pu aller au collège et ont décroché, n’ont pas réussi à suivre les cours, l’effort du Département ne permette pas d’accompagner ces publics en difficulté.
Par ailleurs, comme tous les ans, nous regrettons que les dotations qui sont calculées pour les collèges soient basées sur la déclaration de la situation sociale des parents. Nous savons très bien que dans les quartiers populaires, cette déclaration ne permet pas d’avoir une vision juste de la situation sociale des familles dont les enfants sont accueillis par ces collèges.
Comme tous les ans, pour prendre l’exemple de Bagneux, il y a des baisses récurrentes sur certains collèges. Ma collègue Maire de Bagneux pourra vous assurer que la situation sociale des habitants de sa commune ne s’est pas améliorée en 2019 et encore moins en 2020.
Il est donc important d’abandonner ce système, qui est celui de l’État, bien sûr, mais pour lequel le ministre de l’Éducation nationale, M. Blanquer, reconnaît lui-même le caractère de moins en moins opérationnel.
Je pense – et je vous l’ai dit déjà l’an passé – que l’INSEE met à disposition des chiffres qui éviteraient aux familles de remplir les formulaires et aux enseignants de les traiter et qui permettraient plus efficacement au Département d’avoir une vision juste de la situation sociale des bassins qui sont drainés par ces collèges.
Je connais votre argumentaire : vous nous expliquerez que le Département fait beaucoup ; pas nécessairement, notamment dans le domaine de la restauration scolaire, le Département fait moins que d’autres Départements. Par exemple, le Val de Marne l’aide à la demi-pension ce sont 3 millions d’euros contre 2 Millions d’euros pour notre département.
Le Département ne fait pas plus pour les collèges si l’on considère, et c’est mon cas, que la restauration n’est pas un service annexe, la restauration fait partie de la pédagogie, de l’instruction du savoir manger et vivre ensemble, cela doit être incorporé absolument à la mission pédagogique du Département, on ne peut pas les dissocier, surtout en ce moment, vous le savez, des chiffres terribles remontent et les enseignants nous disent que beaucoup de collégiens arrivent à la rentrée de l’après-midi le ventre vide parce qu’ils n’ont pas mangé. Quand on ne mange pas, on ne peut pas bien étudier. Il faut absolument associer les deux services.
Plus fondamentalement, parce que je ne veux pas être trop long, la question fondamentale est : que veut faire le Département en matière d’enseignement ? S’il ne souhaite qu’accompagner la politique de l’État en apportant ce que demandent – et je le reconnais le premier – juste les enseignants, je pense qu’on ne pourra pas corriger un certain nombre de dysfonctionnements qui deviennent structurels dans les Hauts-de-Seine, parce que l’État lui-même n’arrive plus à les corriger. Une position suiviste de l’État accroîtra les inégalités d’accès à l’enseignement.
Je pense que le Département, avec les moyens qu’il a, pourrait avoir une politique plus ambitieuse de correction des inégalités d’accès à l’enseignement, et pour cela, il faut en effet, dans les collèges, proposer des choses aux équipes enseignantes, plutôt que de recevoir leurs demandes et de les traiter de façon très mécanique en fonction de vos critères.
Je pense, raison pour laquelle nous voterons contre, que sur cet aspect des choses, le Département pourrait avoir une tout autre politique, qui est une nécessité parce qu’il y a des signes qui sont quand même très effrayants, très inquiétants, et notamment la perte de collégiens qui vont ailleurs, il y a des effectifs qui baissent du public vers le privé, c’est une réalité, et je suis le premier à le regretter, parce que je continue de penser que l’école publique est quand même l’école qui forme la citoyenneté républicaine, et il faudra se poser la question pour savoir si, dans certains quartiers populaires, il n’y a pas aussi une fuite des collégiens vers d’autres modes d’enseignement.
Je vous redis notre opposition à ce budget.