Monsieur le Président, Cher-e-s Collègues,
Beaucoup de choses ont déjà été dites au cours de cette séance sur votre gestion des effectifs, et particulièrement ceux du Pôle Solidarité ; aussi mon intervention sera courte.
Elle vise simplement à rappeler quelques-uns des chiffres qui caractérisent votre politique des ressources humaines, et qui font probablement des Hauts-de-Seine l’une des collectivités championnes en matière de réduction des effectifs.
6 104 agents permanents en 2012, 4 925 en 2018. Vos effectifs ont diminué de 1 179 agents en 6 ans, c’est-à-dire de 20%.
Les syndicats annoncent pour leur part des chiffres encore plus édifiants, qui j’imagine sont calculés sur la base des quotas pour les élections professionnelles : 7 800 agents il y a 5 ans, 4 800 aujourd’hui.
20% d’agents en moins en 6 ans, alors que la population des Hauts-de-Seine augmente ! C’est totalement inédit dans une collectivité ! Et c’est l’autre record à mettre à votre actif, avec vos excédents budgétaires.
Ainsi, entre 2014 et 2018, les crédits alloués au personnel ont diminué de plus de 23 millions d’euros ; alors que sur la même période, l’excédent budgétaire moyen se chiffre à 375 millions d’euros. C’est dire l’urgence qu’il y avait à supprimer des postes.
Et au budget primitif de l’année 2020, vous prévoyez de baisser d’encore 11 millions d’euros les charges de personnel – soit l’équivalent de 220 postes !
Evidemment, c’est le Pôle Solidarité qui paye le plus lourd tribut à cette politique. D’après les chiffres dont nous disposons, celui-ci est passé de 2 950 agents en 2010 à 2 300 cette année. Soit 650 agents en moins en 9 ans – 22% des effectifs !
Vos services sociaux sont dépecés au point que certaines unités ont vu leurs effectifs diminuer de moitié ! Ainsi, alors même que la solidarité constitue en principe le cœur même de l’action d’un Département « normal », ces services se retrouvent actuellement dans une situation absolument catastrophique, dont nous avons déjà parlé.
Monsieur le Président, ce dépeçage de vos services a des conséquences concrètes, palpables, quotidiennes pour les alto-séquanais. Votre politique place l’ensemble du service public départemental en grande tension, et prive ses bénéficiaires d’un service serein et suffisant pour répondre à leurs besoins.
Si cette politique ne relève d’aucune nécessité budgétaire, c’est qu’elle relève d’une idéologie. Cette idéologie, c’est celle qui prévaut parmi tous les bords partisans entre lesquels vos élus naviguent au gré des élections, qu’il s’agisse des républicains ou de LREM – ils la partagent en effet largement, et sur ce point au moins, ceux des élus de votre majorité qui ont changé de camp ne peuvent être soupçonnés d’incohérence.
C’est l’idéologie qui consiste à comprimer au maximum le nombre de fonctionnaires, ceux-ci étant considérés comme superflus, inutiles et coûteux. Et comme elle ne peut s’avouer comme telle, elle se pare des atours de la modernisation, et se cache derrière une novlangue managériale qui ne fait pourtant guère illusion – vos agents nous racontent que leurs directions les enjoignent à « sortir de leur zone de confort », ce qui ne peut pas manquer d’être le cas vu le caractère massif des réductions d’effectifs !
Monsieur le Président, nous vous demandons à nouveau de nous donner la liste précise des services concernés par ces suppressions de postes. Expliquez-nous pourquoi les prestations que ces agents proposaient ont cessé d’être utiles, et qui sont ces usagers qui en avaient besoin hier, et n’en ont plus besoin aujourd’hui.
Et nous vous demandons, sans attendre votre réponse, de cesser de diminuer vos effectifs, et de recréer d’urgence les postes supprimés dans les services qui ont le plus souffert, notamment les services sociaux.
Les agents du service public sont les garants des droits sociaux et économiques si essentiels à la population. Ce sont eux qui fournissent aux habitants les services dont ils ont besoin, eux qui permettent de maintenir une certaine cohésion sociale au sein des territoires. Je tiens au nom du groupe à saluer le travail qu’ils ont accompli cette année encore, malgré les incertitudes.
Mais gardez-vous qu’ils ne se révoltent pour de bon contre leur situation. Monsieur le Président, vous allez trop loin ; et seule la distance institutionnelle qui sépare la collectivité de ses habitants permet que cette politique n’ait pas déjà été sanctionnée. Mais chez vos agents, en revanche, la colère monte bel et bien.
Pour toutes ces raisons, notre groupe votera contre le rapport que vous nous présentez aujourd’hui.
Je vous remercie.