Monsieur le Président, Cher-e-s Collègues,

La restauration scolaire est un sujet qui occupe notre assemblée depuis de nombreuses années. À plusieurs reprises, nous nous sommes interrogés, pas seulement dans notre groupe, sur la qualité des prestations et du service rendu par la société Élior.

Nous avions demandé qu’un bilan objectif et critique de cette expérience soit réalisé avant que le département choisisse de nouveau ce mode de gestion.

Las, nous sommes obligés de constater que le nouveau contrat qui nous est soumis reprend l’essentiel des dispositions du précédent avec néanmoins un changement majeur qui nous inquiète au plus haut point, celui de la baisse du prix unitaire.

Vous vous félicitez de réaliser une économie de 1,32 millions d’euros avec cette délégation. Nous nous interrogeons sur la façon dont la société Élior peut ainsi abaisser le coût unitaire de repas de 6,88 € à 6,87 €. Avec la précédente délégation, Élior a fait état d’un déficit de deux millions d’euros pour un chiffre d’affaires de onze millions d’euros.

Par quel miracle économique et organisationnel, ce groupe déficitaire avec la précédente délégation peut-il proposer des prestations encore moins chères. Il y a là un mystère sur lequel nous aurions aimé avoir eu des éclaircissements pour nous assurer que ces économies ne seront pas réalisées au détriment de la qualité du service et donc de la santé des collégiens.

Sur le fond, de façon récurrente, nous vous avions demandé d’engager une enquête sur les causes de la désaffection de la restauration dans les collèges des quartiers populaires. Vous en aviez accepté le principe et annoncé sa réalisation par voie de presse. Nous aurions aimé en connaître les résultats et savoir comment ses conclusions vous ont guidé dans la rédaction du nouveau cahier des charges.

De la même façon, nous avions démontré qu’une délégation de service très large, incluant notamment la facturation aux parents et la gestion des impayés, était un choix politique qui avait pour conséquence de réduire considérablement les missions de service public du département en matière de restauration. Il rendait, par exemple, complexe la mobilisation des fonds sociaux de l’État pour aider les familles en difficultés.

Dans ce domaine, vous nous présentez comme un véritable progrès la mise en place du paiement Eficash qui permet de régler les factures de restauration en numéraire auprès de La Poste. Le département lie ainsi la qualité du service public de la restauration au maintien du réseau des bureaux de poste et nous aurons plaisir de vous retrouver à nos côtés pour en empêcher la fermeture.

Les Hauts-de-Seine, sans conteste, ne sont pas un département agricole. En revanche, sa gestion de la restauration scolaire lui donne un poids considérable dans le domaine de la production et de la consommation de biens alimentaires. Dans ce domaine, c’est sans doute le premier donneur d’ordres. Il a donc des responsabilités majeures en matière d’agriculture.

Nous regrettons donc vivement que cet appel d’offre n’ai pas été l’occasion d’une large réflexion sur les formes et la localisation des agricultures que le département entend aider par le biais de sa restauration.

Vous êtes, je crois, très attaché au développement de synergie avec le département voisin des Yvelines, cette délégation aurait pu être le cadre d’une aide au développement d’une agriculture maraîchère de qualité et à la protection des terres agricoles, à l’ouest de l’Île-de-France. Je vous rappelle que la ville de Bagneux, par le biais de sa cuisine centrale, a développé un partenariat original avec la légumerie bio de Flins et des Mureaux.

En passant, nous regrettons aussi qu’il n’ait pas été étudié de collaboration avec les régies de restauration des villes du département. Le Conseil départemental aurait pu aussi participer au développement et à la confortation de ce réseau.

En résumé, nous pensons, à regret, que la négociation de cette nouvelle délégation a été essentiellement guidée par la volonté d’externaliser au meilleur prix la totalité des missions du département en matière de restauration.

Le souci de la qualité des repas, l’ambition de mettre à profit la pause méridienne pour apprendre aux élèves à bien manger ensemble apparaissent très secondaires. Nous regrettons que le département ne considère pas la restauration comme constitutive d’une démarche globale d’enseignement.

Vous voulez défendre le département, mais ne pensez-vous pas qu’offrir aux collégiens et à leur famille un service public de la restauration de qualité, qui donne à manger dans de bonnes conditions à tout le monde et notamment aux enfants des familles les plus modestes, serait la meilleure façon d’en justifier l’utilité ?