Monsieur le Président, Cher-e-s Collègues,
Mon intervention portera sur l’ensemble des rapports qui nous sont présentés concernant la Cité Départementale de l’Enfance (compte administratif 2016, budget supplémentaire et effectifs budgétaire 2017).
Aujourd’hui, avec les professionnels des PMI, les travailleurs sociaux de la Cité de l’Enfance sont en grève parce qu’ils n’ont plus les moyens d’assurer leur mission de protection de l’enfance.
Ils nous alertent sur leurs conditions de travail et d’accueil des enfants.
Ils nous disent qu’ils sont actuellement dans une situation de non-assistance à personnes en danger, avec des enfants et des adultes subissant quotidiennement des agressions de toutes sortes.
La situation est grave et il me semble important, que chacune et chacun, ici, prenne connaissance de ce que ces personnels vivent au quotidien !
Notre assemblée ne peut pas fermer les yeux sur ce qu’ils décrivent notamment dans une pétition et que qui a réuni près de 2000 signatures et que le journal Le Parisien a repris dans un récent article :
« Accueils psychiatriques : nous accueillons de plus en plus d’enfants avec des troubles psychiatriques, faute d’orientation adaptée avec soins. Nous ne disposons pas de permanence psychiatrique pouvant les accompagner, les locaux ne sont pas adaptés et les formations que nous demandons pour mieux les accompagner nous sont le plus souvent refusées. Ces enfants sont pour la plupart déscolarisés et ils se dégradent de jour en jour.
Accueils dits inadaptés à la collectivité : le foyer d’accueil d’urgence est censé être la première étape d’un premier placement. Cependant, nous accueillons des enfants exclus de leurs institutions souvent pour des faits de violences car la collectivité ne leur convient pas. Les déplacer dans une autre collectivité ne fait qu’accroître leur violence.
Violences sexuelles : certains enfants ayant vécu dans un climat incestueux ou ayant subi des agressions sexuelles, reproduisent certains gestes sur d’autres enfants. Malgré les signalements, victimes et agresseurs continuent de vivre ensemble.
Accueils hors cadre : les fermetures successives des établissements pour adolescents élargissent de facto la tranche d’âge des enfants que nous accueillons désormais de 3 à 17 ans. Des enfants de maternelle sont donc confrontés à des adolescents, dont certains ont des conduites délinquantes.
Durée de séjour : la durée moyenne d’accueil devrait être entre 4 et 6 mois, le temps pour les équipes éducatives d’observer et de trouver une orientation adaptée à ces enfants. Or, le manque de structures rend cette orientation impossible. L’accueil d’un enfant s’étend désormais jusqu’à 1 an, voir 1 an et demi. Et l’orientation se fait souvent par défaut dans un lieu pas forcément adapté.
Violences verbales et physiques : les dysfonctionnements institutionnels créent un climat de tension permanente. En réaction à cela, les enfants sont violents verbalement et physiquement, entre eux, envers les professionnels et envers eux-mêmes, sans qu’aucune réponse ne leur soit apportée. En conséquence, des enfants agressés vivent avec leurs agresseurs et de nombreux professionnels sont en arrêt maladie suite à diverses agressions. Nous avons une mission de service public et d’accueil d’urgence, nous ne remettons pas cela en question. Mais enfants et adultes se font agresser quotidiennement.
Une jeune nous a dit un jour : « Vous êtes là pour nous protéger, mais vous ne pouvez même pas vous protéger vous-mêmes. »
Voilà la réalité quotidienne des travailleurs sociaux de notre département.
Nous ne pouvons pas rester sans nous interroger sur ce cri d’alarme des personnels qui montre que, non seulement le département ne joue plus du tout son rôle de protection des enfants et de ses personnels, mais aussi que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant à travers ces faits, est remise en cause.
Cette situation découle, malheureusement, de votre politique départementale en matière de protection de l’enfance en danger depuis plusieurs années.
Pour rappel :
Fermeture du foyer de Villeneuve-la-Garenne, des Goulvents à Nanterre, Colbert au Plessis Robinson, Champtier à Rueil Malmaison, la Courte d’Echelle, Parmain, Rambouillet, du stase 5, diminution de places pour l’accueil en Familles d’Accueil Relais d’Urgence (FARU).
Il est grand temps, Monsieur le Président, que le département assume sa compétence de droit qu’est l’aide sociale à l’enfance.
Notre groupe vous demande donc d’entendre et de répondre à la souffrance des enfants et des personnels de la Cité de l’Enfance, de mettre en place de réels moyens humains et financiers face à cette situation inacceptable.
Pour notre part, nous apportons notre soutien total aux personnels de la Cité de l’Enfance comme tous les personnels du département, dont nous constatons une dégradation manifeste de leurs conditions de travail, une souffrance voire une maltraitance au travail, une inquiétude grandissante quant à leur devenir notamment dans le cadre de vote projet de fusion.
Et pourtant dans ces conditions, ils continuent d’assumer leur mission de service public et nous les remercions pour cela.
Ainsi, notre groupe votera « contre » l’ensemble des rapports sur la Cité de l’Enfance (compte administratif 2016 de la Cité de l’enfance, budget supplémentaire 2017 et le tableau des effectifs de la Cité de l’Enfance 2017).