Commission Permanente du 21 Septembre 2015
Intervention du groupe sur l’accueil des Réfugiés
À la frontière de l’Europe, en Syrie, un effroyable drame humain est en cours. La passivité des uns, la complaisance plus ou moins active des autres, a permis l’irrésistible ascension d’un nouveau monstre qui s’est donné pour nom État islamique. Il dispose maintenant d’importantes ressources financières, d’une administration et d’une armée qui est devenue l’une des plus puissantes du Proche-Orient. Dans sa progression vers l’Ouest, elle chasse devant elle des populations qui fuient la barbarie, le crime à grande échelle et un ordre fascisant qui élimine, dans le feu et le sang, tout ce qui est contraire à son projet politique totalitair
De nouveau, des populations sont massacrées, des villes sont détruites, des monuments qui appartiennent au patrimoine de l’humanité sont dynamités au cours de mises en scène macabres qui rappellent celles organisées par le régime nazi. De nouveau, un siècle après, les mêmes lieux connaissent les mêmes horreurs. En septembre 2014, le groupe terroriste Al-Nosra, soutenu par des États qui se disent nos alliés, détruisait le mémorial du génocide arménien construit à Deir ez-Zor. Parfois, l’histoire bégaye.
Les populations les plus exposées à cette barbarie ne croient plus aujourd’hui en un règlement positif du conflit. Elles trouvent refuge dans les pays voisins et le Liban, petit pays de quatre millions d’habitants, accueille un million de réfugiés syriens.
Les camps qui hébergent certains d’entre eux leur offrent des conditions de vie de plus en précaires. L’aide internationale faiblit, les organisations non gouvernementales qui tentent d’intervenir le font dans des conditions matérielles de plus en plus en difficiles, notamment parce que la situation économique et politique du Liban se dégrade.
À la suite du tremblement de terre au Népal, notre assemblée avait accordé une subvention à Solidarités international qui venait en aide aux sinistrés. Cet organisme intervient aussi dans le nord du Liban, près de Tripoli, pour apporter aux réfugiés syriens un approvisionnement en eau potable et des équipements sanitaires. Nous vous proposons que notre département la soutienne dans ces actions.
Franchissant les frontières au péril de leurs vies, subissant les humiliations que leur infligent des pays européens qui refusent d’appliquer les traités, d’autres ont choisi de se réfugier en Europe. Ils laissent tout derrière eux, car ils n’ont plus d’espoir pour leur pays et sont persuadés qu’il va continuer à sombrer dans le chaos. Beaucoup appartiennent à la classe moyenne syrienne, d’autres sont des jeunes dont les familles ont tout vendu pour leur offrir le voyage vers une vie qu’ils espèrent meilleure, enfin il y a tous ces intellectuels qui se sentent directement menacés par le totalitarisme de Daesh.
Notre République représentent encore pour eux une terre d’asile, un pays ouvert à celles et ceux qui fuient l’intolérance, la barbarie et le crime organisé, quelles que soient leurs origines ethniques, leurs confessions ou leurs préférences spirituelles.
Soyons dignes des traditions d’hospitalité de notre République. Le Gouvernement estime à 30 000 personnes, sur deux ans, les réfugiés qui seraient susceptibles d’être accueillis en France. C’est bien peu par rapport à l’ampleur de la crise humanitaire et des efforts consentis par d’autres pays européens.
Monsieur le Président, sans attendre la convocation de cette commission, vous avez mis à leur disposition deux bâtiments du département, à Suresnes et Villeneuve-la-Garenne, qui peuvent accueillir rapidement une centaine de personnes. Nous voudrions savoir où en est la mise en œuvre de cette première proposition d’urgence que nous soutenons. Nous ne doutons pas que les services du département étudient en ce moment d’autres solutions d’accueil pour accroître cette offre.
D’autres lieux ou bâtiments pourraient certainement être mobilisés et nous pensons, par exemple, au centre de loisirs des haras de Jardy. Nous vous proposons d’organiser, lors de notre prochaine assemblée générale, un débat sur les capacités d’accueil du département, mais aussi sur les moyens que l’État devra mettre en place pour assurer la prise en charge sociale, et notamment scolaire, des réfugiés.
Fait à Nanterre, le 21 Septembre 2015