Dans le prolongement de la pétition « Stop la galère » lancée en fin d’année dernière, élus de gauche, usagers et agents RATP ont prévu de crier leur exaspération, ce jeudi, à la gare RER Nanterre-Préfecture.
Par David Livois
Le 4 janvier 2023
Attendre son bus une demi-heure sans garantie de le voir arriver, Malek n’en peut plus. Alors, cet habitant de Nanterre ira, avec d’autres usagers de la RATP, hurler son ras-le-bol au rassemblement organisé ce jeudi, à 18 heures, à la gare RER Nanterre-Préfecture.
Les bus et les rames bondés, les retards voire les annulations, Malek dit les subir au quotidien. Quand il traverse Paris d’ouest en est, en direction de Vincennes où il travaille. Mais aussi sur ses jours de congé, quand il souhaite, ou plutôt tente, de grimper dans le bus 159 qui relie La Défense au quartier de la Cité du Vieux-Pont, à Nanterre. Une ligne qu’il emprunte depuis cinq ans et sur laquelle il constate depuis plusieurs mois, une détérioration du service. Une dégradation qu’il digère mal, surtout au regard de la récente augmentation du passe Navigo.
Selon lui, la bascule s’est réellement opérée cet été. « Avant, il y avait quelques petits soucis mais ça fonctionnait à peu près normalement, juge-t-il. Mais là, c’est devenu catastrophique. On patiente 30 ou 40 minutes. Parfois pour rien puisque le bus ne passe pas ou est tellement bondé qu’on ne peut même pas grimper dedans. C’est complètement dingue. Surtout quand on pense au passe Navigo qui a pris dix euros. »
Son exaspération, l’usager l’a donc partagée au parlement Nupes de la circonscription Nanterre-Suresnes, sorte d’assemblée citoyenne lancée lors de l’entre-deux tours des législatives par celle, qui sera ensuite élue députée, l’écologiste Sabrina Sebaihi. Et il n’est manifestement pas le seul.
« Les plaintes remontent de partout, rapporte Sabrina Sebaihi. Tous les jours, des gens vont attendre leur bus avec la peur au ventre. La peur de devoir attendre une demi-heure ou de voir leur bus ou leur RER annulé parce qu’il manque de conducteur. On parle quand même d’un bassin de population de 150 000 habitants en petite couronne. Nanterre dispose d’un important dépôt de bus, c’est un territoire dont on peut légitimement attendre qu’il soit bien couvert par le réseau de transport. »
Valérie Pécresse dans le viseur des manifestants
Parmi les usagers, l’incompréhension est d’autant plus grande que se profile l’instauration de la zone à faible émission (ZFE), une mesure qui tend à favoriser l’usage des transports en commun. « Comment inciter les gens à prendre le bus, le métro ou le RER si tout est toujours archibondé ? » s’interroge Malek. « Et est-ce la solution d’entasser les gens les uns sur les autres alors que le Covid est toujours là » appuie Sabrina Sebaihi.
Accompagnée par Patrick Jarry, maire (Divers gauche) de Nanterre, d’usagers et d’agents de la RATP, la députée a prévu une prise lors du rassemblement de jeudi. Un rassemblement considéré comme le prolongement local de la pétition « Stop la galère » lancée fin octobre par huit fédérations communistes d’Île-de-France.
« Même si notre ville a la chance d’être desservie par trois stations du RER A et plusieurs lignes de bus, le quotidien de celles et de ceux qui habitent, travaillent ou étudient à Nanterre est en effet de plus en plus synonyme de galère, relève Patrick Jarry. Alors qu’il faudrait investir dans la modernisation et le développement du réseau pour faciliter la mobilité de ses habitants, servir l’emploi, réduire l’usage de la voiture, des choix sont faits qui vont totalement à l’encontre du bon sens et des besoins, non seulement de la population, mais également du dynamisme économique de nos villes et de l’urgence de protéger la planète. »
Dans le viseur des deux élus, sans surprise : Valérie Pécresse, présidente de la région IDF et d’Île-de-France Mobilités. Objet de nombreuses critiques, cette dernière s’est déjà défendue dans une lettre adressée aux usagers du réseau. Dans ce courrier, elle jugeait « inévitable » la hausse du passe Navigo. Une augmentation qu’elle imputait à « l’inflation », à « une explosion des prix de l’énergie » et… à l’État, coupable à ses yeux de ne pas avoir accordé les ressources promises.
Il n’empêche. Aux yeux de bon nombre d’usagers et d’opposants politiques, Valérie Pécresse, présidente de l’autorité organisatrice des transports dans la région francilienne, reste la principale responsable de la pagaille dans les transports. « Nous lui demandons le retour à 100 % de l’offre de transport telle qu’elle était avant la crise sanitaire, ainsi que le gel du passe Navigo, énumère Sabrina Sebaihi. Nous réclamons également l’abandon de la privatisation de la RATP et une augmentation des salaires des agents. Si on veut des hommes et des femmes pour conduire des bus et des trains, on doit améliorer leurs conditions de travail. »