Regardez ici l’intervention de Patrick Jarry en vidéo : https://youtu.be/BFzRAPT9FtI
Le département se lance dans l’immobilier. L’objectif affiché est soi-disant de rationnaliser en les regroupant les divers services du département et de dégager des recettes propres, dans la perspective notamment, on l’imagine, de la suppression prochaine de la TVAE.
La droite rêve de tout faire fonctionner comme une entreprise : l’hôpital, l’école, l’université… Et maintenant le département, qui achète, vend, loue, spécule, et s’installe en plein cœur du quartier d’affaire.
C’est aussi une question d’image, on peut supposer : vous préférez vous afficher avec le quartier d’affaire, plutôt que de rester au cœur d’une ville qui se bat pour rester populaire et mixte, dans un département qui, de plus en plus, n’est ni l’un, ni l’autre. Ce faisant, les Hauts-de-Seine vont devenir le seul département français où le siège du Conseil départemental n’est pas dans la ville préfecture. On n’est probablement pas assez clinquant. Pas assez « comme il faut », « bien sous tous rapports » comme on dit.
N’allez pas croire, M. le président, que j’en éprouve un quelconque ressentiment.
Je suis fier de ma ville, de parvenir à maintenir, dans la ville-préfecture de ce département si clivé, un mélange plutôt harmonieux entre classes populaires et classes aisées, ouvriers et cadres, natifs et personnes d’origines étrangères. Il y a 4 jours, j’ai nommé adjoint aux finances une personne à qui, il y a 6 ans, je remettais son décret de naturalisation.
Alors bien sûr, ce Nanterre-là n’a pas l’aura de la Défense, avec ses tours, ses façades en verre fumé, son urbanisme minéral, ses entreprises du CAC 40. Je souhaite que ce prestige ne soit pas qu’un effet de mode, et que les agents du département trouvent leur compte dans ce quartier qui, malgré les indéniables efforts entrepris par PLD, manquent encore cruellement d’âme.
Quant aux habitants de Nanterre, s’ils en venaient à m’interpeler sur ce départ, je leur dirai que Nanterre, au moins, récupérera la taxe foncière dont le département était exonéré pour les bâtiments qu’il occupait, mais qui sera bel et bien due à la Ville à partir de moment où ces mêmes bâtiments seront loués pour d’autres activités que celles relevant d’un service public. En cette période où les budgets des communes sont si difficiles à boucler, c’est déjà ça de pris !
Je leur dirais également, aux Nanterriens qui auraient l’idée de m’interroger sur ce départ du Conseil départemental, que je n’ai été ni associé, ni consulté, juste informé car je siège au conseil départemental.
C’est très décevant, d’autant plus de la part d’élus locaux qui n’arrêtent pas de dire que l’Etat les méprise, qu’il ne se concerte pas suffisamment avec eux. La décentralisation ne doit pas seulement aller de l’Etat vers les plus grosses collectivités territoriales. Elle gagnerait à aller également de ces grosses collectivités vers les plus petites.
C’est d’autant plus décevant que le président du conseil départemental a su trouver mon numéro de téléphone, en revanche, lorsqu’il cherchait un site pour accueillir un centre départemental de l’aide sociale à l’enfance.
Concernant les objectifs poursuivis par le département avec cette délibération :
Les recettes propres dégagées par ces multiples opérations sont évaluées, à partir de 2035 et l’achèvement de ce bonneteau immobilier, à près de 16 millions d’euros par an, ce qui n’est pas rien, mais ne représente que 0,68% des recettes réelles de fonctionnement perçues en 2021.
Avec le choix de conclure des baux emphytéotiques pour les actifs libérés, le Conseil départemental veut maximiser son rendement et baisser son taux d’effort en matière d’investissement. Je m’interroge sur cette stratégie qui me semble peu compatible avec la logique du marché de bureau dans le contexte actuel. Dans les faits, il est aujourd’hui difficile de trouver un utilisateur unique qui accepte de prendre à bail la totalité de la surface d’un actif et de s’engager sur une longue période. Les immeubles de bureaux sont de nos jours bien difficiles à remplir. C’est pourquoi les investisseurs font de la valeur sur les actifs immobiliers à travers les cessions, ce que ne permettent pas les baux emphytéotiques.
Je crains donc que vous ayez les plus grandes difficultés à trouver un acteur qui accepte de s’engager dans ce modèle très risqué, chronophage et, au bout du compte, peu rentable.
De ce fait, le rendement attendu, tel qu’exposé dans le rapport, me parait surévalué compte tenu de la conjoncture et de l’évolution du marché de bureaux.
Quant à Nanterre, la ville risque de se retrouver avec des actifs vétustes libérés par le Département qui auront du mal à trouver preneur, compte tenu du montage envisagé, ce qui contribuera à une perte de l’attractivité de la zone et augmentera le taux de vacance des bureaux sur la Ville.
Sans surprise, je voterai contre ce rapport.