Monsieur le Président, pour ce texte de grande valeur.
Chers collègues, nous aimerions rappeler – comme vous le dites très justement dans votre texte – que l’offensive générale menée par l’Azerbaïdjan et la Turquie a touché en premier lieu le Tavouch, dans une stratégie militaire dont, maintenant, on comprend toute la finalité, région à laquelle nous sommes liés par des liens d’amitié et de coopération très forts et qui, aujourd’hui, subit comme toute l’Arménie, les conséquences terribles d’une guerre que l’Arménie n’a pas voulue et a subi avec beaucoup de courage, d’abnégation et une forme de désespoir, tant elle s’est trouvée seule et abandonnée par la communauté internationale lors des heures les plus sombres de ce conflit. Elle y a perdu une partie de sa jeunesse ; les pertes des forces militaires du Haut-Karabagh sont terribles parmi la jeune génération, c’est une saignée dont on n’imagine pas l’ampleur, tout cela – et je le dirai peut-être un peu plus fortement que votre texte – au nom d’une politique nationaliste qui est celle de la Turquie, qui est une politique néo-ottomane, qui rêve de la reconstitution d’un immense empire turcophone qui dépasserait le Caucase pour aller jusque dans les steppes de l’Asie centrale, et on sait très bien, toujours, comment finissent ces ambitions nationalistes : très souvent par des génocides. Malheureusement, dans ce conflit, la Turquie a rappelé – de façon terrible – qu’elle souhaitait – je cite les propos du Président Erdogan – « finir le travail commencé par leurs grands-pères en 1905 », donc il y a une volonté génocidaire, de nouveau, manifeste de la Turquie que nous devons dénoncer. Je pense, en effet, qu’aujourd’hui, au point où nous en sommes du conflit, la reconnaissance de la République de l’Artsakh est un des moyens que nous avons, à quelque distance de ce conflit, de dire que nous ne laisserons pas raser ce territoire comme l’Occident a accepté le génocide de 1905. La reconnaissance est forte. Vous vous souvenez que lors du vœu d’octobre 2020, mon Groupe vous avait déjà proposé la reconnaissance de l’Artsakh et vous aviez – ce que nous avions accepté – émis un doute, notamment sur les problèmes que cela pouvait poser à notre République. Depuis lors, le Sénat et l’Assemblée nationale ont voté des résolutions en cette faveur. Vous me permettrez de trouver que la résolution du Sénat est bien meilleure que celle de l’Assemblée, d’abord parce qu’elle a été votée par plus de trois cents sénateurs et qu’il y a eu un seul vote contre, et qu’en plus, elle porte une vision républicaine de l’importance que notre Nation a toujours donnée au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui est fondamental et qui, dans notre diversité politique, nous unit et nous réunit encore aujourd’hui. Sur votre texte, en tant qu’historien, j’ai juste une petite remarque à vous faire sur le chapitre 4 : le Haut-Karabagh n’a pas été rattaché à l’Azerbaïdjan en 1921 ; 1921 est la date de la fondation de la République de Transcaucasie, qui, à cette époque-là, associait la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie. La décision de rattacher le Haut-Karabagh à l’Azerbaïdjan a été prise par Staline seul en 1936, et vous pouvez le porter comme cela, cela ne nous pose aucun problème. Après, on peut laisser ce texte-là si vous ne voulez pas y toucher. Cela ne change rien au fond, il y a simplement une erreur de date. J’ai pris l’initiative avec cinq collègues Sénateurs signataires de la résolution du Sénat de transmettre à tous les maires des Hauts-de-Seine une invitation à produire, par leur Conseil municipal, un vœu qui reprenait les termes de celui du Sénat, qui est largement repris par votre déclaration. Je pense, chers collègues, qu’il est très important que dans vos villes, il y ait une manifestation importante, parce qu’aujourd’hui, la Turquie essaye de faire croire qu’il pourrait s’agir d’une simple réaction émotive de certains Parlementaires très favorables à l’Arménie ; il faut montrer, au contraire, qu’il s’agit d’un mouvement collectif général d’un très grand nombre de collectivités. Ce serait notre fierté si, dans les Hauts-de-Seine, le Département – comme nous allons le faire maintenant – et les trente-six communes pouvaient prendre des résolutions en ce sens. Nos amis arméniens attentent cela de nous ; malheureusement, c’est à peu près tout ce que nous pouvons leur apporter, si ce n’est de l’aide humanitaire dont ils ont énormément besoin. Bien évidemment, nous voterons favorablement à ce vœu. Je pense qu’il serait intéressant de poursuivre ce que nous faisons ici pour la République d’Artsakh par une forme de jumelage avec une ville ou avec un district de la République d’Artsakh, voire, pourquoi pas, envisager que les relations que nous avons avec le Tavouch puissent connaître une petite extension dans la République de l’Artsakh, ce qui serait une manifestation importante du sens que nous donnons depuis toujours et auquel le Président Devedjian donnait beaucoup d’importance, cette relation privilégiée qui existe entre notre Nation et l’Arménie. Merci, Monsieur le Président, merci, chers collègues.