Monsieur le Président, Cher.e. s collègues,
Si j’ai bien lu le rapport, j’ai compris que la cellule d’accueil des Mineurs Non Accompagnés n’était pas concernée par cet objectif annuel d’évolution des dépenses. Néanmoins, s’agissant d’un service de l’ASE je veux évoquer rapidement la situation sur laquelle nous avons toutes et tous été interpellé.e.s cette semaine.
En effet vous avez reçu comme moi l’appel mardi dernier du Collectif Réseau Éducation Sans Frontières qui nous interpelle sur l’état catastrophique du service de la Cellule MNA de Nanterre, qui fait face à d’importants problèmes de trésorerie et affiche, à l’entrée de la structure, que les aides financières pour le pass navigo, pour les lavomatiques, les cartes consulaires, ou encore les passeports ne pourront plus être assurées.
Au-delà de ces défaillances, directement reconnues par le service, les militants associatifs nous font part d’un grand nombre de difficultés qui s’accumulent pour les mineurs non accompagnés dans notre département, et que je veux soulever ici.
Malgré l’instauration du dispositif avec le Lien Yvelinois, plusieurs dizaines de jeunes restent livrés à eux même dans des hôtels, sans suivi, sans activité et pour une grande partie d’entre eux, sans scolarisation.
Les membres de RESF se sont d’ailleurs mobilisés auprès de la DASEN récemment afin de permettre l’inscription en cursus d’apprentissage pour une partie de ces jeunes. Cependant leur scolarité ne pourra se passer dans de bonnes conditions s’ils n’ont pas de pass navigo. De même, il faut permettre à ces jeunes d’avoir accès à des fournitures scolaires, et pour certains en apprentissage, des tenues vestimentaires adaptées.
Plus généralement, les moyens manquent cruellement pour permettre à ces jeunes hébergés en hôtel de vivre dignement : alimentation suffisante et variée, produits d’hygiène, y compris les produits élémentaires pour les jeunes filles (tampons et serviettes périodiques), vêtements en nombre suffisant et adaptés à la saison etc.
La saturation de la cellule d’accueil n’est pas non plus réglée puisque RESF relève que les difficultés, que nous évoquions déjà l’année dernière, pour les jeunes de pouvoir être reçus par le service, persistent encore.
Enfin, on nous a également informé que les interprètes, qui sont sollicités pour réaliser les évaluations sociales, n’arrivent pas non plus à se faire payer.
Ce tableau est réellement affligeant. Tous ces jeunes vous le savez sont des citoyens régularisables et je ne comprends pas qu’on sème autant d’embuches à leur encontre.
Ils ne repartiront pas. S’ils sont arrivés ici si jeunes, c’est parce qu’ils y ont été contraints et plutôt que de vivre marginalisés, dans des conditions qui ne sont pas acceptables, ils ont besoin d’être soutenus pour se construire, se-reconstruire pour certains, qui ont vécu des événements effroyables en venant jusqu’ici, et finalement pour avoir leur place dans notre société.
Je ne comprends pas non plus qu’on laisse les agents qui travaillent dans cette structure aussi démunis face à l’ampleur des besoins auxquels ils sont confrontés. Si on calcule rapidement, la prise en charge du pass navigo pour 200 jeunes représenterait à l’année 70 000€. Qu’est-ce que cela représente dans le budget du département ?
Je me mets à la place de ces agents qui doivent passer leurs journées à dire :
« Non on ne peut pas vous aider pour l’instant, attendez »
« Non je ne peux pas vous donner ce qu’il vous faut pour aller laver vos vêtements »
« Non on ne peut pas vous recevoir vous êtes trop nombreux »…
Et j’imagine la difficulté et l’épuisement qu’ils doivent vivre.
L’État a alloué cette année encore 33,68 millions d’euros aux départements pour assurer cette mission d’accueil. Et même sans cette aide notre département a largement les moyens d’apporter un accueil digne pour tous ces jeunes.
Alors je vous le demande, une nouvelle fois, permettez à la cellule MNA de fonctionner correctement, qu’elle puisse apporter des aides à tous les jeunes qui s’y présentent, et qu’elle ne soit pas un lieu de frustrations pour les jeunes et les agents qui y travaillent, mais bien un service qui garantisse le respect des droits fondamentaux des enfants et des jeunes.
Je vous remercie.