Monsieur le Préfet,

Les agents et personnels des hôpitaux publics de l’AP-HP, particulièrement des services d’accueil d’urgence en grève depuis plusieurs semaines, ne cessent de tirer la sonnette d’alarme pour alerter les pouvoirs publics quant à la dégradation sans précédent de leurs conditions de travail et des conditions d’accueil des patients.

Alors que le nombre de patients pris en charge aux urgences a dépassé dans notre pays les 20 millions en 2016, le manque chronique de moyens, les fermetures de lits et de services ainsi que l’absence de reconnaissance de la pénibilité du travail des agents plongent aujourd’hui notre système hospitalier dans une crise à laquelle le gouvernement doit urgemment répondre et apporter des solutions.

La Ministre Agnès Buzyn vient d’annoncer, le 14 juin, le déblocage de 55 millions d’euros pour financer des « premières mesures de soutien » en faveur de ces personnels, notamment l’élargissement d’une prime forfaitaire de risque d’une centaine d’euros que beaucoup d’agents touchent par ailleurs déjà en partie. La réponse de la Ministre est bien en-deçà des attentes des personnels hospitaliers, qui demandent 300 € d’augmentation pour rattraper le retard pris à l’échelle européenne. Car la vraie difficulté, c’est la crise du recrutement et le manque d’attractivité des emplois médicaux et paramédicaux que traverse l’AP-HP : il y a par exemple aujourd’hui 400 postes d’infirmier-es vacants à l’AP-HP.

La Ministre a aussi annoncé 15 millions d’euros de crédits exceptionnels pour les hôpitaux les plus en « tension », afin qu’ils renforcent leurs effectifs pendant l’été. Mais à l’échelle nationale, cela représente à peine 350 postes pour 540 services d’urgence, soit un demi-poste de plus par service ! A l’hôpital Béclère de Clamart, c’est a minima 4 postes de médecins qui manquent depuis plus de 6 mois pour faire tourner les urgences de nuit, qui sont du coup menacées de fermeture dans un bassin du sud des Hauts-de-Seine de plus de 600 000 habitants.

Les fermetures de lits et de services, les regroupements forcés pèsent sur tous les hôpitaux publics franciliens. La vérité, c’est que le plan de l’AP-HP de « retour à l’équilibre » prévoit la suppression de 800 à 1000 postes par an pendant cinq ans, et le regroupement de nombreux services dans quelques grands pôles hospitaliers. C’est ce qui se passe par exemple à Garches qui, sans doute au profit d’une belle opération de promotion immobilière, va fermer ses services, transférés à Ambroise Paré.

Au moment où la Ministre Mme Buzyn annonce vouloir développer les lieux de consultation sans rendez-vous, allez-vous rétablir, Monsieur le Préfet, ce service à l’Hôpital Nord de Villeneuve-la-Garenne ?

Monsieur le Préfet, pour garantir à l’ensemble de nos concitoyens un égal accès à une offre de soins de qualité sur l’ensemble du territoire départemental, quel avis portez-vous sur la demande de l’intersyndicale de l’AP-HP de moratoire du plan de Mr Hirsch, pour arrêter immédiatement toutes les fermetures de lits et de services et toutes les suppressions de postes ?

Par ailleurs, face à une situation de crise, je souhaite savoir quelles mesures d’urgence immédiates seront prises, en termes de recrutements et de revalorisation salariale, pour le service public hospitalier dans les Hauts-de-Seine, et comment le déblocage des fonds annoncé par la Ministre va bénéficier aux hôpitaux alto-séquanais.

Je vous remercie.