Monsieur le Président, Cher-e-s Collègues,

Ce rapport est une mise en musique de votre politique de démantèlement des services publics départementaux. Vous nous proposez d’acter de la suppression de plusieurs postes du fait des transferts de mission à l’Etablissement Public Interdépartemental, que vous construisez à marche forcée avec les Yvelines. En Octobre dernier, le Groupe Front de Gauche et citoyens avaient déjà voté contre le tableau des effectifs 2016 pour affirmer nos oppositions à votre politique de gestion des ressources humaines.

Et, permettez-moi, de reprendre les propos de mon collège Pierre Ouzoulias lors du CA de l’EPI 78/92, à propos du temps de travail et des dispositions proposées aux salariés transférés ou mis à disposition de l’établissement public, qui sont systématiquement celles les moins favorables aux deux départements et qui seront imposées à l’ensemble des personnels une fois la fusion réalisée : « Les salarié-e-s sont conduits sous le joug des Fourches Caudines des dispositions de la collectivité la moins-disante. Ce n’est pas un établissement, mais une maison de redressement des statuts des personnels à votre profit.»

Des personnels inquiets quant à leur devenir dans l’EPI 78/92 ou dans le futur département une fois la fusion réalisée et, ils ont raison de s’inquiéter au vue de ce que vous leur préparez. Des personnels angoissés qui vont subir au 1er janvier 2017, une énième réorganisation des services pour laquelle leurs représentants ont voté contre, se sont abstenus ou ont refusé de participer à ce vote.

Aujourd’hui, Monsieur le Président, Cher-e-s Collègues, nous est présenté un tableau des effectifs budgétaires pour l’année 2017 de 6 233. Des emplois budgétés mais combien de pourvus réellement ? Si l’on reprend le compte-administratif 2015, seulement 5 248,47 l’étaient. Qu’en est-il pour 2016 ? Une information que souhaiterait avoir notre groupe, service par service. Nous le savons de nombreux postes sont vacants dans le centre de PMI, les EDAS, à la MDPH, dans les collèges notamment pour gérer les temps de restauration scolaire mais aussi dans les emplois de médiateur, d’éducateurs et de personnels à la Cité de l’Enfance… Les secteurs où le manque des agents publics est flagrant, sont nombreux. Les services publics départementaux s’en ressentent. Les accueils et accompagnements des alto séquanais, en particulier des plus fragiles, se réduisent.

Et à entendre les annonces et ambitions du candidat, que vous soutenez à l’élection présidentielle, il y a de quoi de faire du souci: moins 500 000 postes dans la fonction publique, retour aux 39 heures payées 37h, allongement de l’âge du départ à la retraite, généralisation des contrats de droit privé, non remplacement des départs à la retraité …

A quoi ressemblera le tableau des effectifs l’an prochain si Monsieur Fillon venait à être élu ? Combien de postes et d’emplois encore supprimés ? Combien de services publics en péril ? En agissant de la sorte vous poussez le service public vers la tombe et tentez d’enterrer le statut de la fonction publique, dont c’est, en 2016, l’année du 70ème anniversaire.

Mais détrompez-vous ces réformes ne seront pas simples à mener parce qu’elles ne sont majoritairement pas partagées par les Français. Si certain souscrivent à l’idée qu’il faut supprimer des emplois publics, personne n’est capable de dire dans quels domaines il pense nécessaire ou souhaitable de le faire. Et j’ai lu dans l’Opinion cette semaine que le programme de Monsieur Fillon concernant la suppression de 500 000 fonctionnaires turlupinait une partie des parlementaires de Droite. De votre côté aussi il y a du scepticisme !

Si les années de pouvoir de droite et « socialiste » ont réussi à imposer à toutes les collectivités, avec la baisse des dotations, des contraintes budgétaires qui nous obligent tous à réinterroger nos interventions publiques, elles n’ont pas réussi, pour autant, à convaincre qu’il faille assurément rationner, diminuer l’action publique. Au contraire, d’ailleurs, s’expriment sans cesse des demandes de conforter l’action publique. Or, cela suppose inévitablement de renforcer l’emploi public, pour une raison simple : l’action publique mobilise très souvent des métiers relationnels, qui pour beaucoup ne peuvent être remplacés par des machines ou par des systèmes d’information, et cela dans les champs massifs que sont l’éducation, le social, la santé, aussi bien que dans les champs innovants de la prévention et de l’écologie.

Nous pensons, au contraire, qu’il est nécessaire de renforcer le service public, en s’appuyant sur le statut de fonctionnaire, dont la vocation est de garantir la neutralité et l’indépendance des agents, au service de l’intérêt commun ; En revalorisant les métiers et les salaires des agents du service public (en moyenne et par mois, 1 851 € pour un agent de la Fonction publique territoriale, 2 186 € dans la Fonction publique hospitalière, 2 469 € dans la Fonction publique d’État). Le point d’indice de la Fonction publique, qui sert de base au calcul du salaire des agents, n’a été augmenté qu’une seule fois depuis juillet 2010, en juillet dernier. Les syndicats estiment que la perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires a été de 7 et 8 % au cours des six dernières années.

Dans ce contexte, nous voulons redire notre attachement à l’ensemble des personnels de notre département qui n’est pas épargné depuis plusieurs mois voire années et subit de plein fouet des décisions politiques qui mettent fortement à mal leurs conditions de travail et leurs missions de missions de service public.

Vous l’aurez compris, notre groupe votera contre ce rapport.