Des familles d’écoliers ont manifesté ce jeudi devant l’antenne locale de l’inspection académique, cinq jours après avoir décidé de saisir la justice. Elles réclament le remplacement de professeurs absents alors que les enfants se retrouvent à rater des semaines, voire des mois, de cours.
Par Olivier Bureau
Le 13 avril 2023
Pas question de se faire oublier. Cinq jours après avoir annoncé leur intention de mener une action en justice contre l’État, les parents d’élèves de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ont de nouveau donné de la voix. Ce jeudi matin, une cinquantaine d’entre eux se sont rassemblés devant l’inspection académique locale, à deux pas du site de l’ancienne barre Emmaüs. Quelques élus — dont Pascal Pelain, maire (UDI), Khady Fofana, son adjointe à l’éducation, et le conseiller départemental (PCF) Denis Datcharry — sont venus les soutenir.
Devant l’entrée de l’inspection, quelques pancartes en carton supportant les doléances des familles attirent le regard. « Les années passent et on a toujours les mêmes problèmes, résume Jamila. On a ressorti les cartons d’il y a deux ans… » Tous vivent la même histoire. Dans toutes les écoles de la ville, des professeurs sont absents, parfois des arrêts prévisibles et prévus comme des congés maternité. Problème, nombre d’entre eux ne sont pas remplacés et les enfants se retrouvent des semaines, voire des mois, sans cours. La pétition lancée la semaine dernière a reçu quelque 140 signatures.
« Ma fille est en CM1 à Jean-Moulin A. Sa maîtresse est en congé maternité depuis deux mois, indique Imane. Aujourd’hui, elle va à l’école en pleurant. Des fois, elle a un professeur quelques heures, sinon rien. Ils font de la garderie. Est-ce qu’on fait faire du coloriage à des CM1 ? Et avec tout cela, les retards s’accumulent… » « On est au bout du bout, ajoute un père. On a même épuisé les remplaçants des remplaçants… »
« La situation est critique »
« On est à Villeneuve, en ZEP, une ville soi-disant prioritaire. Éduquer nos enfants est une mission de l’État, tempête Hassan Najjari, président de l’Union des parents d’élèves de Villeneuve. Des solutions existent forcément. » Sur ce dossier, les élus parlent d’une même voix. Le communiste Denis Datcharry et le centriste Pascal Pelain insistent tous deux sur « la nécessité de continuer à se battre.»
« On va saisir le ministre de l’Éducation, promet le maire de Villeneuve. La situation est critique. La ville ne peut pas se permettre ce manque d’enseignants. » Un courrier décrivant la situation de Villeneuve et rappelant les demandes des parents doit être envoyé à Pap N’Diaye d’ici la fin de semaine. « Nous ne demandons pas l’égalité mais l’équité, nuance Khady Fofana. On demande les moyens en fonction de nos besoins, ici, à Villeneuve. »
Des parents doivent aussi être reçus par la direction académique des services de l’Éducation nationale le 10 mai. « Cette audience se tient vraiment très tard, regrette Jamila, une des administratrices de la FCPE départementale. Malgré tout, on espère obtenir une solution de qualité. » « Il nous reste douze à treize semaines de cours avant les vacances d’été et on ne veut pas les gâcher. C’est de ce bureau de l’inspection académique que sortent les annonces de remplacement », lance Patrice, un autre cadre de la FCPE en désignant la porte de l’inspection académique.
Finalement, ce jeudi vers 9h30, une délégation de parents (un par école de Villeneuve) a été reçue. Résultat ? « Du bla-bla, peste une mère. On mise sur le rendez-vous du 10 mai mais on l’a déjà dit, c’est très tard. »
Preuve que la mobilisation n’est pas passé inaperçue, quatre enseignants, deux pour l’école Jean-Moulin A, un pour Coubertin A et un pour Coubertin B, ont été nommés dans l’après-midi. « C’est bien mais on ne lâche rien, précise Jamila, de la FCPE. On maintient notre action en justice ! »