Cher.e.s collègues, Monsieur le Président,
Le rapport d’activité des services départementaux pour l’année 2017 donne les chiffres suivants :
En totalisant les places en pouponnière, à la Cité de l’enfance, les places en accueil modulables associatifs pour les jeunes de 12 à 18 ans, les places en relais parental pour les enfants âgés de 10 semaines à 18 ans, les places chez un assistant familial et enfin les places d’accueil en établissements associatifs, on recense au total 1552 places d’accueil, dont 909 en structures associatives, pour les enfants dans le département, âgés entre 10 semaines et 18 ans.
Or, rien qu’en 2017, toujours selon votre rapport d’activité, ce sont 5563 enfants qui ont fait l’objet d’une information préoccupante, et 1156 enfants qui ont été signalés au Procureur de la République dans le cadre de l’enfance en danger.
Rien qu’à eux seuls, si ces 1156 enfants devaient être mis en sécurité vis à vis du foyer familial, ils remplissaient à 75% les places disponibles d’accueil dans le département.
Pourtant vous le savez très bien, une grande partie des enfants placés en structure, le sont pour plusieurs années, voire toute leur enfance jusqu’à leur majorité, et je ne pense pas qu’ils représentent seulement 25% des enfants hébergés actuellement.
Donc, il y a forcément des enfants qui ne sont pas accueillis en structure d’accueil, et qui restent dans un environnement pathogène et risqué alors qu’ils ont été repérés par les travailleurs sociaux et signalés au Procureur.
Certes ils sont suivis dans le cadre d’une action éducative à domicile, mais ils sont 5456 mineurs au total dans cette situation ! Comment vos équipes peuvent-elles être protégées de doutes et de stress dans cette situation ? Quelle est la fréquence possible de suivi de ces enfants ?
Il y a 15 jours, Patrick Jarry vous alertait sur la situation des mineurs non accompagnés qui sont refoulés des services de l’ASE à Nanterre faute de places. Je me suis moi-même rendue à la défense samedi dernier pour soutenir ces jeunes qui se sont mobilisés avec les associations afin de rendre visibles et de vous alerter sur leur dramatique situation. Pour certains, ils errent à la rue, sans abris, sans sécurité. C’est une véritable violence à l’encontre de ces adolescents, et j’imagine que ce doit être une violence également pour les travailleurs sociaux qui sont obligés de sélectionner ceux qui peuvent les accompagner, et laisser les autres dehors.
Sur un autre domaine, la protection maternelle et infantile, nous avons visité récemment avec Gabriel Massou le pôle social de Villeneuve-la-Garenne. Les personnels nous ont alerté sur les nombreux postes qui ne sont toujours pas pourvus et qui risquent pour certains d’être vides pendant longtemps. C’est le cas du poste de médecin à la PMI notamment.
A ce jour, le nombre de consultation avec un généraliste à la PMI de Villeneuve est limitée à 10 par semaine car le médecin ne peut être présent qu’une matinée par semaine. Les infirmières donc font là aussi une sélection pour juger les situations les plus urgentes ! Pour les autres enfants, ils sont orientés vers les PMI sur Saint-Denis, Gennevilliers, Asnières.
La situation est encore plus critique du côté du CPEF de ce pôle social, qui n’a ni médecin ni infirmière à ce jour, et pour l’instant aucun recrutement ne semble se profiler, faute de candidats.
Enfin, je vous avais déjà alerté lors de la dernière séance sur les délais d’instruction des cartes Améthystes, qui s’étirent sur plus de 4 mois aujourd’hui. Il semble qu’il en soit de même également pour les dossiers APA. Les personnes en attente d’une réponse sont alors obligées de se tourner vers leurs proches, ou de solliciter les associations pour tenter de boucler les fins de mois.
Cette énumération de situations diverses m’amène à soulever le fait qu’à tous les niveaux dans les services sociaux du département, ces manques pèsent lourdement sur la capacité des professionnels en poste à répondre aux multiples besoins.
Et cela se répercutent sur les associations qui accueillent les situations de détresse.
Il serait intéressant lorsqu’on vote les tableaux des effectifs budgétaires, de pouvoir disposer également des tableaux des postes non pourvus.
Les métiers de l’action sociale, sont souvent des métiers extrêmement lourds psychologiquement et qui nécessitent des hautes conditions de travail et une valorisation digne pour pouvoir tenir dans la durée.
Ainsi nous jugeons que pour répondre efficacement aux missions sociales dont le département a la charge, il convient de garantir des moyens humains et matériels suffisants pour permettre aux professionnels de travailler dans de bonnes conditions et de limiter les sources de pression et de stress.
C’est la condition indispensable pour permettre une protection et un accompagnement de qualité des populations vulnérables.
Nous voterons contre ces rapports.